Que ce soit des suites de harcèlement, de problèmes familiaux, de la perte d’un être cher, ou tout simplement dans l’optique de mieux se comprendre, toute personne zoo peut se retrouver amenée à envisager une thérapie. Surviennent alors d’inexorables questionnements. Dans cet article, nous allons tenter d’y répondre.
En parler, mais pourquoi ?
L’on pourrait toutes et tous avoir une bonne raison d’en parler, quoi que la tentation de s’abstenir peut-être très forte. Tout d’abord on peut se sentir mal d’être zoophile, détester cette sexualité et ne pas en vouloir. Vous n’êtes pas seul et puis regardez, cela est même commun chez les personnes LGBT. Dans ce cas-là, ne pas en parler c’est s’interdire de comprendre la source de ses souffrances. Pour d’autres, la zoophilie n’est pas directement source de souffrance, ne génère ni honte ni dégoût, mais c’est cette peur d’être découvert, ce jugement social et ces faits divers que vous avez lus qui vous rongent. Là, en parler, c’est pouvoir exprimer ce sentiment d’injustice, s’entrainer à se dévoiler et faire face au regard d’autrui ou en tout cas à celui de votre thérapeute. Enfin, de manière générale, être zoo peut impliquer des choix, des sacrifices, qui ne peuvent être compris par votre thérapeute que s’ils lui sont exposés.
Les risques légaux
Pour faire le plus large que possible, nous pouvons distinguer quatre niveaux de secret
professionnel :
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- – il l’est mais peut choisir de faire une demande de dénonciation
- – il l’est mais est obligé de dénoncer les cas de zoophilie
- – le thérapeute n’est pas soumis au secret professionnel
- – il est soumis au secret et la zoophile ne fait pas partie des exceptions.
En France, le secret professionnel s’applique au médecin et donc aux psychiatres, mais non pas aux psychologues (article 226-13 du code pénal), les exceptions concernent les atteintes sur mineurs ou personnes vulnérables, ainsi que les violences conjugales (article 226-14 du code pénal).
En Suisse, le devoir de garder le secret est expressément étendu aux psychologues (article 321 du code pénal) mais une demande de libération du secret peut être faite auprès de l’autorité de surveillance (qui peut être contestée par le patient). Des exceptions visant à protéger les mineurs existent aussi.
En Belgique, il semblerait que les psychologues soient aussi soumis au secret (article 458 et 458bis du code pénal) avec des exceptions dont les pratiques zoos ne font vraisemblablement pas parties.
Enfin, suivant votre juridiction, il est possible que le thérapeute puisse porter atteinte au secret pour palier à un danger (grave) et imminent, il commet alors une infraction mais celleci peut être justifiée par l’état de nécessité. Il n’encourt alors aucune peine. Être zoophile et avoir un animal ne remplit absolument pas de telles exigences.
Ces données peuvent évoluer, donc pour trouver votre réponse, vous pouvez déjà commencer par rechercher sur internet. Toutefois une chose est à noter, la psychologie et la psychiatrie traitent habituellement de situations qui sont mal vues par la société, voir dont la pratique est interdite. Le secret et la discrétion sont de mises car elles sont la clé de tout rapport de confiance nécessaire à la réalisation d’une thérapie. À cet effet, si exception il y a elle ne concernera que les actes commis (parfois les thérapeutes ne dénoncent pas les actes qui sont anciens) ou un risque ou danger qu’il se produise de manière imminente.
Comment pallier ces risques ?
Dans un épisode du podcast zoophile américain Zooier Than Thou, le Dr Hani Miletski, spécialiste de la zoophilie, recommande de tout simplement demander au thérapeute : Qu’être-vous obligé de dénoncer ? Ou que choisiriez-vous de dénoncer ? ». À ce moment, vous devez vous dire que c’est un peu gênant puisque votre psy ne peut pas savoir ce que vous allez lui sortir et vous n’obtiendrez sûrement qu’une réponse bateau comme « tuer quelqu’un ».
Vous pouvez alors enchaîner sur « et concernant les animaux ? ». Après ces questions ce sera à vous de juger en fonction de l’attitude de votre thérapeute. Vous pouvez en parler tout de suite, raconter votre vie pendant 3 mois et voir après ou tout simplement laisser tomber, vous êtes libre ! À titre d’exemple, si votre thérapeute vous explique que sa fonction n’est pas d’être procureur, que vous devez vous sentir totalement libre et que l’important c’est de parler de tout, vous devriez pouvoir aborder le sujet et rappelez-vous-en, attirance ne veut pas dire pratique, si la discussion tourne mal quand vous évoquez vos attirances, déjà c’est que vous avez un très mauvais psy en face de vous, mais aussi ne parlez pas pratique, changez de sujet ou quittez la salle et tout sera finit. Si vous ne parlez pas pratique, le risque est quasiment nul.
Un psychologue, une psychiatre n’est pas là pour vous juger et n’oubliez pas une chose, tout le monde ne pense pas comme les hard-liner de la protection animale, la plupart n’en a jamais entendu parler, aussi bien dans leurs cours que dans la presse, sauf peut-être une fois dans une blague un peu tordue. Des thérapeutes très empathiques, à l’écoute, il y en a.
Mais la zoo est considérée comme une paraphilie ? Que vont-ils me faire ?
Vous avez pu lire énormément de chose des considérations psychiatriques sur la zoo, les comorbidités, les études sur des prisonniers… et maintenant il est temps de mettre tout cela de côté. Déjà parce que votre thérapeute n’a probablement jamais lu toutes ces études, mais aussi parce qu’elles ne leur apportent pas grand-chose quant à la marche à suivre dans les cas de zoophilie. Vous réaliserez donc rapidement une chose, le spécialiste dans l’histoire, c’est vous.
Dans le cas hypothétique ou vous tomberiez sur un thérapeute un peu extrême, qui voudrait vous faire croire que vous êtes malade, encore une fois il ne peut en rien vous obliger à suivre un quelconque traitement, c’est la liberté de décision du patient. Rassurez-vous, dès que vous aurez évoqué la zoo ou posé vos questions sur la portée du secret, l’attitude de votre psy aura déjà trahi d’éventuelles mauvaises intentions.
Suivant le fonctionnement dans assurances dans votre pays, il est possible qu’une cause ou justification puisse être à apporter pour le financement de la thérapie. Dans ce cas-là, avoir le terme « paraphilie » sur son dossier médical est quand même bien moins stylé que celui d’« orientation sexuelle ». Tout cela doit faire l’objet d’une discussion avec votre thérapeute, il doit vous demander à l’avance l’autorisation pour transmettre toute information vous concernant, et, dans le doute, dites-leur que vous ne désirez en aucun qu’une telle donnée soit transmise.
Conclusion et témoignages
L’interdiction des pratiques sexuelles sur les animaux ne porte pas trop gravement atteinte aux possibilités d’obtenir une thérapie. Parler pratique n’est envisageable que moyennant un secret professionnel pleinement garanti, néanmoins, ce n’est finalement pas nécessaire. L’important est que votre thérapeute comprenne ce qui vous anime. Si vous devez expliquer que vous avez peur que cela se sache, il suffit de lui dire qu’à un moment si tout le monde vous voit systématiquement rougir à la vue de votre jugement et passer de longue minute et renifler sa crinière cela ne passera pas inaperçu. Pour leur parler de l’injustice de cette interdiction, pas besoin d’évoquer vos expériences personnelles, vous pouvez évoquer à titre d’exemple ces chevaux qui se dirigent avec enthousiasme vers la station de prélèvement.
Aller en thérapie, c’est pouvoir parler de vos frustrations, de vos tristesses, critiquer ouvertement les arguments et les méthodes des antis sans craindre de répercussions, faire crever l’abcès qu’a généré cette injustice. Ce sera peut être dur au début, mais vous n’en ressortirez que plus léger.
Fayçal, témoigne :
« [j]’ai parlé de mes désirs zoophiles avec un médecin psychiatre dans le cadre d’une thérapie visant à traiter un début de burnout. Ne voulant pas à la base aborder le sujet je suis resté évasif pendant les premières séances quand les conversations tournaient autour de sujets sentimentaux. Il est possible que mon psychiatre se doutait de quelque chose puisqu’il a alors mentionné de nombreux cas de paraphilies exotiques au sein de ses patients et du public sur un ton léger afin de me mettre en confiance. J’ai fini par m’ouvrir et lui confier mon secret. Le psychiatre m’a assuré que ce n’était pas si rare que ça et que lui ne voyait pas la zoophilie comme un problème médical tant qu’elle ne causait pas une souffrance pour la personne et que l’animal n’était pas maltraité ou forcé. Sur le plan légal, il voyait relativement peu de risques à condition de prendre certaines précautions de bon sens (il a d’ailleurs écrit ‘paraphilie’ plutot que ‘zoophilie’ dans le dossier patient). Il m’a encouragé à expérimenter et à chercher à rencontrer d’autres zoophiles. Ces conversations et sa réaction m’ont mis en confiance, étant donné que le sujet n’est généralement évoqué dans la presse que sur un ton profondément négatif que très peu de gens osent nuancer. »
Charles Menni, Juin 2023
Twitter : @CharlesMenn