Das Blog des ZETA-Vereins https://blog.zeta-verein.de/ Zoophiles Engagement für Toleranz und Aufklärung Sun, 31 Mar 2024 09:37:42 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.6.4 Incrimination de la Zoosexualité : rapport de situation en France https://blog.zeta-verein.de/fr/2024/02/incrimination-de-la-zoosexualite-rapport-de-situation-en-france/ https://blog.zeta-verein.de/fr/2024/02/incrimination-de-la-zoosexualite-rapport-de-situation-en-france/#respond Sun, 25 Feb 2024 12:08:28 +0000 https://blog.zeta-verein.de/?p=50366   La nouvelle loi visant à lutter contre la maltraitance animale entame maintenant sa troisième année et il convient d’en établir un bilan. Comme nous la savons, si la loi a largement échoué à son [...]

Der Beitrag Incrimination de la Zoosexualité : rapport de situation en France erschien zuerst auf Das Blog des ZETA-Vereins.

]]>
 

La nouvelle loi visant à lutter contre la maltraitance animale entame maintenant sa troisième année et il convient d’en établir un bilan.

Comme nous la savons, si la loi a largement échoué à son objectif initial de marquer des avancées significatives sur le domaine du bien-être animal, elle s’est accompagnée d’un sursaut législatif en matière de zoophilie, s’étant dotée d’un large arsenal pénal pour lutter contre cette dernière.

Toutefois, même en matière de protection des animaux contre les abus sexuels, le bilan reste très mitigé. Comme le démontrent les exemples tirés de la jurisprudence, les peines fixées ne sont absolument pas proportionnées aux souffrances subies par l’animal. Les peines dépendent directement du statut de propriétaire, érigé en circonstance aggravante, envoyant le message suivant : faites souffrir les animaux des autres et vous serez moins sévèrement punis.

En matière de politique pénale de lutte contre la délinquance sexuelle, la loi promettait d’attraper du zoophile, qualifié de délinquant sexuel en devenir et d’ainsi prévenir qu’il ne « passe à l’humain ». La recherche permettait déjà d’établir que de telles thèses sont au mieux infondées scientifiquement et au pire le fruit d’une campagne de haine anti-zoo. En effet, durant tous les débats sur la zoosexualité l’existence de personnes aimant réellement leurs animaux – les considérant comme des partenaires – a été soigneusement passée sous silence pour n’évoquer que les affaires sordides.

L’incrimination de toute forme de zoosexualité, indépendamment de toute contrainte ou violence, est un choix extrêmement dogmatique. En prenant des données très conservatrices sur le nombre d’inséminations par an en France, l’on se rend compte que la zoophilie ne représente que 0,1 % des contacts sexuels entre un animal et un humain. De plus, l’on peut rappeler que la loi autorise la castration sans justification de l’animal. L’on peut donc aisément écarter l’idée que le but de cette loi serait de protéger l’intégrité sexuelle de l’animal.

En conclusion, il est donc essentiel de se rappeler d’une chose : il y a des personnes qui tombent amoureux de leurs animaux, dont l’orientation sexuelle est tournée vers ses derniers. Il n’est donc pas ici question de délinquance, de violence mais simplement d’amour et de vivre ensemble. Ces lois et les arguments utilisés rappellent directement l’incrimination de l’homosexualité alors que ces derniers étaient qualifiés de déviants. Ce rapport vise donc avant tout à mettre en lumière la réalité de la zoosexualité, une réalité bien éloignée du portait qui peut en être fait par la société.

 

Cliquez ici pour lire le rapport


Charles Menni

 

Der Beitrag Incrimination de la Zoosexualité : rapport de situation en France erschien zuerst auf Das Blog des ZETA-Vereins.

]]>
https://blog.zeta-verein.de/fr/2024/02/incrimination-de-la-zoosexualite-rapport-de-situation-en-france/feed/ 0
Sous les Mots https://blog.zeta-verein.de/fr/2023/11/sous-les-mots/ https://blog.zeta-verein.de/fr/2023/11/sous-les-mots/#respond Sun, 05 Nov 2023 11:58:33 +0000 https://blog.zeta-verein.de/?p=50283 Dans tous les livres dont le propos est la zoosexualité, on vous assomme souvent de définition. Aujourd’hui, on parle majoritairement de bestialité, de zoophilie et de zoosexualité. Mais savez-vous que tous ces mots ont en [...]

Der Beitrag Sous les Mots erschien zuerst auf Das Blog des ZETA-Vereins.

]]>
Dans tous les livres dont le propos est la zoosexualité, on vous assomme souvent de définition. Aujourd’hui, on parle majoritairement de bestialité, de zoophilie et de zoosexualité. Mais savez-vous que tous ces mots ont en fait désigné la même chose, mais à des périodes historiques différentes ? Cet angle terminologique permet de dégager des périodes historiques aux mœurs propres. Nous en avons dénombré cinq : la chrétienté, le spécisme, la protection animale, la psychiatrie et la libération zoosexuelle.

Cet article repose sur des recherches effectuées en France. Les propos suivants ne sont donc pas universels.

 

La chrétienté
Dans les textes anciens, la zoosexualité est désignée par l’intermédiaire de périphrases. Par exemple, on peut rencontrer dans les textes latins : « fornicationem contra naturam » (fornication contre-nature), « cum animalibus coires » (copuler avec des animaux) ou encore « cum quadrupedus peccat » (pécher avec des quadrupèdes), etc.

(Figure 1: L’interdit zoosexuel dans le Decretum de Burchard de Worms, 1051, « Pecudibus fornicantur », « Quadrupedum fornicatoribus »)

 

 

 

 

 

 

Il semblerait qu’il n’ait existé aucun mot désignant la zoosexualité avant le XIIe siècle où l’usage du mot sodomite se répand. Ce dernier fait référence aux Sodomites, habitants de la ville de Sodome (Genèse 10:19). Il s’agit donc d’une antonomase (un nom propre devenu un nom commun). D’après le récit biblique, un habitant de Sodome, Loth, accorde l’hospitalité à deux anges envoyés par Dieu. Tous les hommes de Sodome entourent alors sa maison et demande à en faire sortir ces étrangers qu’ils pensent être des hommes afin de les « connaître » (Genèse 19:05). Connaître au sens biblique signifie avoir une relation charnelle. Loth refuse et leur propose deux de ses filles vierges en échange. Les Sodomites déclinent l’offre et Dieu détruit la ville par « une pluie de soufre et de feu » (Genèse 19:24). Quoiqu’un doute d’interprétation lié au refus de l’hospitalité subsiste, bibliquement, les Sodomites sont à l’évidence des homosexuels masculins. Par extension, la sodomie désigne tout type de pratiques sexuelles (hyperonyme) dites contre-nature (non procréatives) dont fait a fortiori partie la zoosexualité.

Il existe encore le mot bougre, un synonyme de sodomite teinté d’hérésie. Ce mot renvoie au prêtre bulgare Bogomil, fondateur du bogomilisme. Au XIIIe siècle, sous l’effet de la propagande inquisitoriale dirigée contre l’hérésie bogomile, les Bougres (les Bulgares) sont taxés de sodomites. Cette appellation de bougre est purement infamante puisque les bogomiles pratiquaient l’ascétisme (abstinence sexuelle incluse).

 

Le spécisme
Le mot bestialité apparaît au XIVe siècle. Il est issu du latin « bestia » et désigne tout comportement assimilant l’homme à la bête. Cette définition appelle le questionnement suivant : comment une bête est-elle censée se comporter ? Pour les humains, une bête est un être primitif essentiellement caractérisé par sa férocité (bestialité) et sa bêtise (bête). Et effectivement, dans son habitat naturel, une bête sauvage affamée ne va pas vous dire bonjour avant d’essayer de vous manger. Mais en est-elle pour autant plus féroce que l’homme ? La bête est donc un référent du déséquilibre humain ; le bestial a pu désigner le criminel, le fou ou encore le tortionnaire.

Le mot bestialité va acquérir un second sens sexuel au XVIe siècle.

 

(Figure 2 : Bûcher de zoosexuelle toulousaine dans « Arrêts notables du Parlement de Toulouse » utilisant le mot « bestialité », 1525)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette « bestialité sexuelle » est un figuré métaphorique issu du sens premier du mot ; la zoosexualité serait régressive, parce que dirigée vers l’animal. La bestialité relève donc du spécisme, y compris sexuel.

Dilemme : entre un humain déséquilibré et un animal disposé, quel partenaire sexuel choisiriez-vous ?

Lorsque nos sexologues contemporains parlent de bestialité, ils font directement référence à cette zoosexualité brutale, stupide et primitive ; pour le dire simplement, à cette zoosexualité sans amour.

 

La protection animale
Le XIXe siècle donne naissance au mot zoophilie. Son sens d’alors est tout simplement celui de son étymologie : une affection (philia) envers le vivant (zoo). Les premières occurrences françaises sont concomitantes de l’article 453 du Code pénal napoléonien de 1810. Mais ce mot ne se répand vraiment qu’à partir des années 1820. On peut le relier à la création du zoo de Londres (London Zoo) en 1828 ou encore au Martin’s Act de 1822 ; une loi anglo-saxonne aujourd’hui considérée comme étant la première loi de protection animale en Occident. Après le Martin’s Act, les journaux français parlent de la « zoophilie des anglais ». À l’évidence, un zoophile est alors perçu comme une personne condamnant la maltraitance animale. Une société de protection des animaux est appelée une « société de zoophilie » ou un « club de zoophile » !

(Figure 3 : « La grande semaine des zoophiles », article de presse signé Botrot, 1926)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un éleveur est zoophile s’il prend soin de ses bêtes en leur appliquant, par exemple, cette « pommade zoophile » alors en vente dans le commerce.

 

(Figure 4 : Publicité pour le « Manuel du zoophile » de Celnart, 1827)

 

 

 

 

 

(Figure 5 : Publicité pour « La pommade zoophile » de la société Peyrat, 1868)

 

 

 

 

 

 

 

 

Peu à peu, les zoophiles sont tournés en ridicule pour leurs amours excessifs des animaux. La zoophilie se charge ainsi d’une connotation négative. Ce virage est potentiellement misogyne, puisque comme Féré le constate, la zoophilie se rencontre principalement chez la femme (Zoophilie et zoophobie, Charles Féré, 1897). Et nous ajoutons, de la même manière que la bestialité se rencontre essentiellement chez l’homme.

 

(Figure 6 : Une caricature de zoophile dans un journal, 1935)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La psychiatrie
Krafft-Ebing, psychiatre de renommée internationale, est devenue un des pionniers de la sexologie avec son ouvrage « Psychopatia Sexualis ». Le succès est tel que l’ouvrage est constamment augmenté de 1886 à 1924 (quatorzième et dernière édition). La « psychopathie sexuelle » fait le tour du monde et est notamment traduite en français et en anglais. Au fil des éditions allemandes, la panoplie concernant les relations sexuelles interespèces s’étoffe : « viol d’animaux » (thierschändung) nommé aussi sodomie ou bestialité, sadisme avec des animaux, le « fétichisme animalier » (thierfetischismus) et la zooérastie.

Le mot « zoophilie » serait apparu pour la première fois avec un sens protosexuel dans la 8e édition de 1893 : « À la suite du fétichisme de la matière, il faut encore penser à certains cas où les animaux ont un effet aphrodisiaque sur les humains. On pourrait parler ici de zoophilie érotique ».

 

(Figure 7 : La « Zoophilia erotica » de Krafft Ebing dans la 9e édition de la Psychopathia Sexualis, 1894)

 

 

 

 

L’observation associée au « thierfetischismus » est celle d’un jeune adolescent sexuellement excité au contact de la fourrure animale (Die krankhaften Erscheinungen des Geschlechtssinnes, Tarnowsky, 1886). Dans les milieux psychiatriques, la zoophilie devient sexuelle. Mais ce n’est qu’après-guerre que le mot zoophilie se substitue peu à peu à celui de bestialité (probablement sous influence anglo-saxonne). Notons l’ironie de l’Histoire : les zoophiles d’hier condamnent ceux d’aujourd’hui ! Par l’influence de la psychiatrie, la zoophilie a acquis une connotation pathologique qu’elle conserve encore aujourd’hui.

Krafft-Ebing propose le mot « zooérastie » comme catégorie de sa classification avec un sens de bestialité pathologique. Ce mot n’a jamais été très usité.

En 1940, Clifford Allen forge le mot-valise bestiosexualité. Ce mot sera également peu usité en France. Il est cité uniquement afin de souligner l’existence d’un mot antérieur à celui de « zoosexualité » et formé sur le même radical « sexuel ».

 

La libération zoosexuelle
Le mot-valise « zoosexualité » est forgé au début des années 1990 par des pratiquants (anciennement zoophile donc) américains sur Internet.

 

(Figure 8 : Utilisation du mot « zoosexuel » sur le newsgroup Usenet « alt.sex.bestiality », 3 mars 1994)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On peut aisément comprendre les raisons qui ont amené ces zoosexuels à cette saillie linguistique : aucun mot n’avait jamais exclusivement décrit la réalité zoosexuelle. Comme on l’a vu, « sodomite, bougre, bestialité et zoophilie » sont polysémiques, ils ne peuvent donc décrire exclusivement l’acte. De plus, ils sont connotés négativement : le sodomite est un pécheur, le bougre un hérétique, le bestial une brute, le zoophile un malade mental ! Pour ses partisans, le mot « zoosexualité » serait ce mot manquant capable de nommer une pratique interespèce dénuée de connotation négative.

L’éternel débat émerge. Quel mot utiliser alors ? Zoophile ou zoosexuel ? Les deux présentent des avantages et des inconvénients.

Le mot « zoophile » est simple, compréhensible, possède une sémantique positive et convient à tous, y compris aux platoniques. Mais il possède une connotation psychiatrique et est repris par des personnes souhaitant importer le mouvement « anti-contact » d’origine pédophile (en France, on parle de « pédophile abstinent ») à la zoosexualité.

Le mot « zoosexuel » met en avant la sexualité et non plus l’affection. Efficace pour lutter contre le mouvement anti-contact, mais certains experts ont ainsi pu inclure le sadisme dans la zoosexualité. Se déclarer zoosexuel constitue une preuve par aveu alors que se déclarer zoophile est légal. Et en dernier argument, la zoosexualité est un calque du mot homosexualité choisie à dessein dans l’espoir d’être un jour au même niveau de tolérance sociétale que les homosexuels. Le mot « zoosexuel » incarne ainsi cette idée d’intervention sur la réalité par le langage. Inversons cette logique. Le mot zoophile constitue-t-il un obstacle à un éventuel processus de normalisation ? Nous pensons que non. À titre d’illustration, citons la revue militante Arcadie (1954-1982) qui se disait « homophile ». Ce qui n’a nullement empêché la normalisation de l’homosexualité et l’a même préfigurée.

Aujourd’hui, le mot zoophilie est toujours très présent ; le mot zoosexuel ne s’est pas imposé. Dans ce fouillis linguistique, les diminutifs prospèrent : zoo (nom), zooey (adjectif) (grâce au podcast Zooier Than Thou). Le choix des mots est important, mais cela ne fait pas tout. La libération zoosexuelle passera avant toute chose par la lutte contre les amalgames sociétaux.

 

Article écrit par Chienlit (octobre 2023)

Images de Gallica (Figure 1), Tolosana (Figure 2) et RetroNews (Figure 3, 4, 5, 6).

Der Beitrag Sous les Mots erschien zuerst auf Das Blog des ZETA-Vereins.

]]>
https://blog.zeta-verein.de/fr/2023/11/sous-les-mots/feed/ 0
Quand le débat sur la Zoophilie s’invite sur twitter https://blog.zeta-verein.de/fr/2023/09/quand-le-debat-sur-la-zoophilie-sinvite-sur-twitter/ https://blog.zeta-verein.de/fr/2023/09/quand-le-debat-sur-la-zoophilie-sinvite-sur-twitter/#respond Sat, 09 Sep 2023 20:29:59 +0000 https://blog.zeta-verein.de/?p=50261 Le 5 septembre 2023 est publié sur mon compte intitulé Charles Menni – qui est le nom d’emprunt que j’utilise lorsque j’écris sur le sujet – un retweet d’un post effectué la veille par l’association [...]

Der Beitrag Quand le débat sur la Zoophilie s’invite sur twitter erschien zuerst auf Das Blog des ZETA-Vereins.

]]>

Le 5 septembre 2023 est publié sur mon compte intitulé Charles Menni qui est le nom d’emprunt que j’utilise lorsque j’écris sur le sujet un retweet d’un post effectué la veille par l’association de protection animale Once Voice montrant la vidéo d’une ponette battue par une professionnelle du cheval.

La spécificité de ce retweet est de relever la différence de traitement qu’il y a entre une personne condamnée pour violence à l’encontre d’un animal, qui sera généralement punie de l’amende, et d’une autre pour des actes sexuels sur un animal, qui risque en France en moyenne 6 à 18 mois de prison avec sursis, un enregistrement comme délinquant sexuel pendant 5 à 10 ans au minimum, une interdiction de détenir un animal qui est nécessairement à vie (contrairement aux actes de cruauté, pour lesquels elle peut être temporaire) et enfin une thérapie forcée. La gravité de ces peines ne dépend aucunement de celle des faits dans la mesure où l’usage de la contrainte, de violence ou d’éventuelles blessures infligées n’a pas de conséquence sur la peine, dont la gravité dépendra plutôt de circonstances extérieures, comme par exemple si l’auteur des actes est propriétaire ou non de l’animal.

Mon post relevait que, risque de telles peines, quiconque commet « [l]e moindre geste sexuel sur un animal qui le demande ». Publié par un compte sur lequel je me suis décrit comme un « Zoosexuel et amoureux des chevaux combattant les préjugés », le tweet deviendra viral au point d’atteindre en moins de deux jours 600 000 vues pour un compte ne présentant initialement que 20 abonnés. Une partie du message suscite particulièrement de réactions : le « qui le demande ». Il amène à se poser la question suivante : les animaux peuventils proposer à un humain un rapport sexuel ? De tels comportements doiventils être réprimés en l’absence de violence, de contrainte et de blessure ?

Le terme de « moindre geste sexuel » a aussi été délibérément choisi puisque la notion beaucoup plus large d’« atteinte sexuelle », pertinente en matière de protection de l’enfant, a été reprise pour remplacer celle de « sévices de nature sexuelle » appliquée en France aux animaux jusqu’en 2021. En 2022, c’est un élu du Tarn qui en avait fait les frais, alors que celuici laissait deux de ses chiens lui monter dessus, il avait en effet déclaré « [j]e m’en occupe bien. Je ne pratique pas la sodomie, ce sont eux qui le font s’ils le désirent » et aucun article ne mentionne de signes de mauvais traitements à leur encontre.

Dans un pays qui pratique l’élevage intensif, où l’insémination artificielle est le mode de reproduction usuel, y compris pour les animaux de compagnie, la très ferme incrimination de la zoosexualité interroge. Elle n’est pas simplement comparée aux mauvais traitements, mais toute personne rendue coupable de tels actes risque les mêmes peines que pour les actes de cruauté, voire plus en prenant en compte les mesures complémentaires comme l’inscription au FIJAS.

Dans mon compte Twitter, j’avais aussi effectué d’autres postes, notamment un remettant directement en cause les arguments et preuves scientifiques fournies par Animal Cross dans son rapport publié en 2019 et destiné à appuyer une plus ferme incrimination de la zoophilie(1).
Dans un autre je rappelais qu’en 2006 le Comité d’éthique Animale Danois avait dans sa conclusion recommandé de ne pas interdire les interactions sexuelles entre humains et animaux en l’absence de violences et de contrainte ; et avait même averti qu’une telle politique pouvait se montrer contreproductive, risquant par exemple de dissuader toute personne ayant accidentellement blessé son animal de le présenter à un vétérinaire et recommandé une approche basé sur la prévention(2).

Alors que le post Twitter continuait à faire grand bruit, je recevais à longueur de journée messages de haine, menaces de mort, appel au suicide qui, même signalés, restent souvent lisibles plusieurs jours voire semaines. Parfois, une discussion se lançait avec certains, et des thématiques comme le consentement, le comportement sexuel des animaux et la santé mentale faisaient partie des thématiques les plus souvent abordées.

Le 7 septembre, mon compte a été suspendu. Si cela n’étonnera pas grande monde, c’est plutôt le motif utilisé qui, lui, est surprenant. La raison invoquée par la plateforme est celle de la « violation de la règle contre les contenus violents ou pour adultes dans la photo de profil ». Mon image de de profil, et ma bannière, trouvées sur l’un des premiers sites accessibles sur Google en tapant « horse pictures copyright free » et présentant respectivement la tête d’un cheval gris et trois chevaux broutant dans un pré au coucher du soleil, constituent donc, aux yeux de Twitter, des contenus pornographiques et/ou présentant de la violence crue. Un appel a été déposé sur la plateforme le jour même et le lendemain le Support Team de twitter a confimé le lendemain la décision de suspension permanente sans donner plus de détails.

Cette décision fait écho à celle prononcées en Allemagne dans les années 2009 2010 à l’encontre de la Zeta Verein, une association de défense des droits des zoosexuels. L’inscription légale comme association leur avait été refusé pour « contrariété aux mœurs » sans autres motifs ni explications. Elle rappelle aussi dans une moindre mesure ce qui est arrivé à la communauté française, qui, entre 2019 et 2021, a tenté de présenter ses vues sur la proposition de loi contre la maltraitance animale. Le 29 juin 2021, s’en était suivi des perquisitions sur fond d’accusation de menaces de mort, usurpation d’identité et harcèlement, effectuées dans le domicile de personnes supposées appartenir à la communauté. Elles faisaient suite à une plainte contre X d’Animal Cross et de son président Benoit Thomé. Deux ans plus tard, aucune preuve significative n’a été trouvée, aucun suspect n’a été renvoyé en jugement, alors que Mr Thomé a quant à lui été inculpé pour doxxing et est en attente d’un jugement en 2024.

Si le débat contradictoire devrait être au cœur de toute société démocratique, défendre une position ouvertement favorable aux intéractions sexuelles avec les animaux s’avère être lourd de conséquences, aussi bien pour des zoosexuels, que pour des chercheurs, politiciens ou  journalistes. Néanmoins, à mesures que les règles pénales en la matière se durcissent, la nécessité d’avoir un examen rationnel de ses motifs ne fait que se renforcer et il est donc inévitable, qu’à terme, le tabou finisse par être brisé. À cet effet, la décision de censure de Twitter marque un mauvais départ.


Charles Menni


1 MENNI Charles, Animal Cross, la Zoophilie et la Science, Blog des Zeta Verein, 15 avril 2023. Disponible sur :
https://blog.zetaverein.de/fr/2023/04/animalcrosslazoophilieetlascience/
2 Conseil Danois d’Ethique Animale, Rapport au sujet des relations sexuelles entre des êtres humains et des
animaux, Novembre 2006.
Version originale :
https://www.justitsministeriet.dk/sites/default/files/media/Pressemeddelelser/pdf/2006/Udtalelse.pdf
Version française :
https://www.animalzoofrance.com/wiki/Fichier:Danish_Animal_Ethics_Council__November_2006_VF.pdf

Der Beitrag Quand le débat sur la Zoophilie s’invite sur twitter erschien zuerst auf Das Blog des ZETA-Vereins.

]]>
https://blog.zeta-verein.de/fr/2023/09/quand-le-debat-sur-la-zoophilie-sinvite-sur-twitter/feed/ 0
Thérapie et zoophilie https://blog.zeta-verein.de/fr/2023/09/therapie-et-zoophilie/ https://blog.zeta-verein.de/fr/2023/09/therapie-et-zoophilie/#respond Sat, 09 Sep 2023 13:31:13 +0000 https://blog.zeta-verein.de/?p=50244 Que ce soit des suites de harcèlement, de problèmes familiaux, de la perte d’un être cher, ou tout simplement dans l’optique de mieux se comprendre, toute  personne zoo peut se retrouver amenée à envisager une [...]

Der Beitrag Thérapie et zoophilie erschien zuerst auf Das Blog des ZETA-Vereins.

]]>
Que ce soit des suites de harcèlement, de problèmes familiaux, de la perte d’un être cher, ou tout simplement dans l’optique de mieux se comprendre, toute  personne zoo peut se retrouver amenée à envisager une thérapie. Surviennent alors d’inexorables questionnements. Dans cet article, nous allons tenter d’y  répondre.

En parler, mais pourquoi ?
L’on pourrait toutes et tous avoir une bonne raison d’en parler, quoi que la tentation de s’abstenir peut-être très forte. Tout d’abord on peut se sentir mal d’être zoophile, détester cette sexualité et ne pas en vouloir. Vous n’êtes pas seul et puis regardez, cela est même commun chez les personnes LGBT. Dans ce cas-là, ne pas en parler c’est s’interdire de comprendre la source de ses souffrances. Pour d’autres, la zoophilie n’est pas directement source de souffrance, ne génère ni  honte ni dégoût, mais c’est cette peur d’être découvert, ce jugement social et ces faits divers que vous avez lus qui vous rongent. Là, en parler, c’est pouvoir exprimer ce sentiment d’injustice, s’entrainer à se dévoiler et faire face au regard d’autrui ou en tout cas à celui de votre thérapeute. Enfin, de manière générale, être zoo peut impliquer des choix, des sacrifices, qui ne peuvent être compris par votre thérapeute que s’ils lui sont exposés.

Les risques légaux
Pour faire le plus large que possible, nous pouvons distinguer quatre niveaux de secret
professionnel :

    • – il l’est mais peut choisir de faire une demande de dénonciation
      – il l’est mais est obligé de dénoncer les cas de zoophilie
      – le thérapeute n’est pas soumis au secret professionnel
      – il est soumis au secret et la zoophile ne fait pas partie des exceptions.

En France, le secret professionnel s’applique au médecin et donc aux psychiatres, mais non pas aux psychologues (article 226-13 du code pénal), les exceptions concernent les atteintes sur mineurs ou personnes vulnérables, ainsi que les violences conjugales (article 226-14 du code pénal).

En Suisse, le devoir de garder le secret est expressément étendu aux psychologues (article 321 du code pénal) mais une demande de libération du secret peut être  faite auprès de l’autorité de surveillance (qui peut être contestée par le patient). Des exceptions visant à protéger les mineurs existent aussi.

En Belgique, il semblerait que les psychologues soient aussi soumis au secret (article 458 et 458bis du code pénal) avec des exceptions dont les pratiques zoos ne font vraisemblablement pas parties.

Enfin, suivant votre juridiction, il est possible que le thérapeute puisse porter atteinte au secret pour palier à un danger (grave) et imminent, il commet alors une  infraction mais celleci peut être justifiée par l’état de nécessité. Il n’encourt alors aucune peine. Être zoophile et avoir un animal ne remplit absolument pas de telles exigences.

Ces données peuvent évoluer, donc pour trouver votre réponse, vous pouvez déjà commencer par rechercher sur internet. Toutefois une chose est à noter, la psychologie et la psychiatrie traitent habituellement de situations qui sont mal vues par la société, voir dont la pratique est interdite. Le secret et la discrétion sont de mises car elles sont la clé de tout rapport de confiance nécessaire à la réalisation d’une thérapie. À cet effet, si exception il y a elle ne concernera que les actes commis (parfois les thérapeutes ne dénoncent pas les actes qui sont anciens) ou un risque ou danger qu’il se produise de manière imminente.

Comment pallier ces risques ?
Dans un épisode du podcast zoophile américain Zooier Than Thou, le Dr Hani Miletski, spécialiste de la zoophilie, recommande de tout simplement demander au thérapeute : Qu’être-vous obligé de dénoncer ? Ou que choisiriez-vous de dénoncer ? ». À ce moment, vous devez vous dire que c’est un peu gênant puisque votre psy ne peut pas savoir ce que vous allez lui sortir et vous n’obtiendrez sûrement qu’une réponse bateau comme « tuer quelqu’un ».
Vous pouvez alors enchaîner sur « et concernant les animaux ? ». Après ces questions ce sera à vous de juger en fonction de l’attitude de votre thérapeute. Vous pouvez en parler tout de suite, raconter votre vie pendant 3 mois et voir après ou tout simplement laisser tomber, vous êtes libre ! À titre d’exemple, si votre thérapeute vous explique que sa fonction n’est pas d’être procureur, que vous devez vous sentir totalement libre et que l’important c’est de parler de tout, vous devriez pouvoir aborder le sujet et rappelez-vous-en, attirance ne veut pas dire pratique, si la discussion tourne mal quand vous évoquez vos attirances, déjà c’est que vous avez un très mauvais psy en face de vous, mais aussi ne parlez pas pratique, changez de sujet ou quittez la salle et tout sera finit. Si vous ne parlez pas pratique, le risque est quasiment nul.

Un psychologue, une psychiatre n’est pas là pour vous juger et n’oubliez pas une chose, tout le monde ne pense pas comme les hard-liner de la protection animale, la plupart n’en a jamais entendu parler, aussi bien dans leurs cours que dans la presse, sauf peut-être une fois dans une blague un peu tordue. Des thérapeutes très empathiques, à l’écoute, il y en a.

Mais la zoo est considérée comme une paraphilie ? Que vont-ils me faire ?
Vous avez pu lire énormément de chose des considérations psychiatriques sur la zoo, les comorbidités, les études sur des prisonniers… et maintenant il est temps de mettre tout cela de côté. Déjà parce que votre thérapeute n’a probablement jamais lu toutes ces études, mais aussi parce qu’elles ne leur apportent pas grand-chose quant à la marche à suivre dans les cas de zoophilie. Vous réaliserez donc rapidement une chose, le spécialiste dans l’histoire, c’est vous.
Dans le cas hypothétique ou vous tomberiez sur un thérapeute un peu extrême, qui voudrait vous faire croire que vous êtes malade, encore une fois il ne peut en rien vous obliger à suivre un quelconque traitement, c’est la liberté de décision du patient. Rassurez-vous, dès que vous aurez évoqué la zoo ou posé vos questions sur la portée du secret, l’attitude de votre psy aura déjà trahi d’éventuelles mauvaises intentions.
Suivant le fonctionnement dans assurances dans votre pays, il est possible qu’une cause ou justification puisse être à apporter pour le financement de la thérapie. Dans ce cas-là, avoir le terme « paraphilie » sur son dossier médical est quand même bien moins stylé que celui d’« orientation sexuelle ». Tout cela doit faire l’objet d’une discussion avec votre thérapeute, il doit vous demander à l’avance l’autorisation pour transmettre toute information vous concernant, et, dans le doute, dites-leur que vous ne désirez en aucun qu’une telle donnée soit transmise.

 

Conclusion et témoignages
L’interdiction des pratiques sexuelles sur les animaux ne porte pas trop gravement atteinte aux possibilités d’obtenir une thérapie. Parler pratique n’est envisageable que moyennant un secret professionnel pleinement garanti, néanmoins, ce n’est finalement pas nécessaire. L’important est que votre thérapeute comprenne ce qui vous anime. Si vous devez expliquer que vous avez peur que cela se sache, il suffit de lui dire qu’à un moment si tout le monde vous voit systématiquement rougir à la vue de votre jugement et passer de longue minute et renifler sa crinière cela ne passera pas inaperçu. Pour leur parler de l’injustice de cette interdiction, pas besoin d’évoquer vos expériences personnelles, vous pouvez évoquer à titre d’exemple ces chevaux qui se dirigent avec enthousiasme vers la station de prélèvement.
Aller en thérapie, c’est pouvoir parler de vos frustrations, de vos tristesses, critiquer ouvertement les arguments et les méthodes des antis sans craindre de répercussions, faire crever l’abcès qu’a généré cette injustice. Ce sera peut être dur au début, mais vous n’en ressortirez que plus léger.

Fayçal, témoigne :
« [j]’ai parlé de mes désirs zoophiles avec un médecin psychiatre dans le cadre d’une thérapie visant à traiter un début de burnout. Ne voulant pas à la base aborder le sujet je suis resté évasif pendant les premières séances quand les conversations tournaient autour de sujets sentimentaux. Il est possible que mon psychiatre se doutait de quelque chose puisqu’il a alors mentionné de nombreux cas de paraphilies exotiques au sein de ses patients et du public sur un ton léger afin de me mettre en confiance. J’ai fini par m’ouvrir et lui confier mon secret. Le psychiatre m’a assuré que ce n’était pas si rare que ça et que lui ne voyait pas la zoophilie comme un problème médical tant qu’elle ne causait pas une souffrance pour la personne et que l’animal n’était pas maltraité ou forcé. Sur le plan légal, il voyait relativement peu de risques à condition de prendre certaines précautions de bon sens (il a d’ailleurs écrit ‘paraphilie’ plutot que ‘zoophilie’ dans le dossier patient). Il m’a encouragé à expérimenter et à chercher à rencontrer d’autres zoophiles. Ces conversations et sa réaction m’ont mis en confiance, étant donné que le sujet n’est généralement évoqué dans la presse que sur un ton profondément négatif que très peu de gens osent nuancer. »

Charles Menni, Juin 2023
Twitter : @CharlesMenn

Der Beitrag Thérapie et zoophilie erschien zuerst auf Das Blog des ZETA-Vereins.

]]>
https://blog.zeta-verein.de/fr/2023/09/therapie-et-zoophilie/feed/ 0
Animal Cross, la Zoophilie et la Science https://blog.zeta-verein.de/fr/2023/04/animal-cross-la-zoophilie-et-la-science/ https://blog.zeta-verein.de/fr/2023/04/animal-cross-la-zoophilie-et-la-science/#respond Sat, 15 Apr 2023 12:20:57 +0000 https://blog.zeta-verein.de/?p=50210 En cette année 2023, il ne reste plus grand nombre de pays où les pratiques zoosexuelles demeurent légales. Avant les années 2000, très peu d’entre eux disposaient d’une législation en la matière. En l’espace d’une [...]

Der Beitrag Animal Cross, la Zoophilie et la Science erschien zuerst auf Das Blog des ZETA-Vereins.

]]>
En cette année 2023, il ne reste plus grand nombre de pays où les pratiques zoosexuelles demeurent légales. Avant les années 2000, très peu d’entre eux disposaient d’une législation en la matière. En l’espace d’une vingtaine d’année, ce sont quasiment tous les États européens et d’Amérique du Nord qui ont opté pour la prohibition. Certains y voient une prise de conscience et le fait que d’autres pays ont déjà interdit la zoophilie devient même un argument pour faire de même et suivre le mouvement répressif. Pourtant, qu’est-ce qui justifie ces interdictions ? Ces règles protègent-elles réellement les animaux ? Qui en a décidé ainsi ?

Concernant le cas français, une association incarne particulièrement bien la lutte contre la zoophilie : Animal Cross. Avec pour titre « Animal Cross dénonce : la Zoophilie, les animaux, les nouveaux sex toys », son rapport sorti en janvier 2020 va dicter la ligne argumentaire de cette association face à ce qu’elle considère être un problème de société. Reprenant une palette de couleur sombre, usant abondamment d’images en noir et blanc présentant des animaux derrière les barreaux, entourés de chaînes et de cordes, ou même posant côte à côte un veau et une tête de bébé, ce rapport a tout d’une caricature. Les premières lignes en donnent déjà le ton : « les animaux devraient être protégés des prédateurs sexuels que sont les zoophiles, au même titre que les enfants doivent être protégés des pédophiles ». Dans cet article, nous allons donc étudier la ligne argumentaire de ce rapport, en détailler la représentation des zoophiles qui y est faite et discuter les solutions proposées.

Représentation de la zoophilie

Le rapport commence par rappeler en quelques lignes l’histoire de la zoophilie. En la matière, les auteurs auront pris soin de n’en rappeler que le volet répressif, une incrimination ancienne, remontant à la naissance du judaïsme et du christianisme qui la considéraient comme un péché et la jugeait comme tel. Sont aussi mentionnés quelques textes de loi qui l’incriminaient (Lex Carolina de 1532, le Premier Code Pénal français de 1791) mais les sombres « 600 à 700 exécutions de zoophiles [qui] auraient eu lieu en Suède au XVII et XVIIIe siècle ». À en croire ces quelques lignes, l’on imaginerait presque qu’il n’y a jamais eu de tolérance à ce sujet. Pourtant, le texte omet totalement sa décriminalisation, en France dans le cadre de la réforme du droit pénal de 1810, mais aussi plus généralement en Europe à cette période-là(1). Il précise toutefois que ces lois « visaient à protéger les bonnes mœurs » et non à protéger les animaux. Reste donc à savoir si Animal Cross parviendra à justifier cette ré-incrimination par un besoin de protection animale.

L’aspect historique abordé, tout le long de l’étude l’accent est non pas mis sur les principaux concernés, à savoir les animaux eux-mêmes, mais plutôtsur le profil du zoophile. Il y est décrit comme un homme d’une trentaine d’années, ayant découvert son attirance à l’adolescence, très souvent bisexuel, qui choisit délibérément d’agir, se sentant attiré émotionnellement et sexuellement par son animal. Il est intégré à la société, peut occuper des métiers très divers et présente une préférence marquée pour les chevaux ou les chiens. De plus, il est rappelé que les zoophiles disposent d’une association représentant leurs intérêts en Allemagne (la Zeta Verein qu’ils n’ont par ailleurs jamais contactée) et se retrouvent sur les forums pour discuter et se rencontrer. Quelques citations tirées de sites zoophiles viennent aborder la façons dont les zoos justifient leurs actions, que ce soit par le prisme du consentement, l’absence de violence ou invoquant même le caractère égalitaire de l’acte sexuel qui consacrerait une autre manière de considérer les animaux. L’on relèvera ce léger effort visant à apporter un peu de représentativité dans le contenu du rapport.

Toutefois, le travail évoque ce qu’il considère  comme étant une impossibilité de l’animal de consentir, déclarant que le « véritable rapport de force et de dépendance entre l’homme et l’animal est établi dès le départ : c’est l’homme qui nourrit, héberge, éduque… ». Néanmoins, l’argument du consentement est bien connu et est compliqué dans son utilisation(2), et une chose est sûre, le limiter à cette courte explication ne peut qu’entériner une logique abolitionniste. En effet, si le pouvoir dont dispose l’homme sur l’animal est considéré comme suffisant pour en justifier une interdiction, alors même qu’aucune preuve que les actes sexuels sur les animaux sont sources de dégâts psychiques n’existent(3) (on peut lire dans le rapport : « [n]ous n’abordons pas ici les séquelles psychologiques sur les animaux qui doivent être très grandes »), en quoi est-ce que cela ne justifierait pas d’interdire des pratiques similaires comme l’insémination artificielle, ou carrément toute détention d’animal de compagnie puisque la mise au monde de ceux-ci nécessite le recours à des techniques d’élevage qui sont mises ici de facto sur le même plan que des viols ? D’ailleurs, pourquoi l’usage de cet argument se limiterait aux pratiques sexuelles ? Il n’y a pas que les viols qui sont traumatisants. En quoi la pratique de l’équitation, sur des chevaux généralement castrés, impliquant l’usage de la contrainte physique, souvent séquestrés dans des boxes, suscitant des blessures avérées aussi biens physiques (tendinites, dorsalgies, ulcères à l’estomac…) que psychiques (tics, agressivité, stress) ne devrait-elle pas être interdite ? Seul, cet argument justifie non pas seulement d’interdire la zoophilie, mais la fin de toute forme de détention d’animaux. L’appliquer à la seule zoophilie, c’est au mieux de l’hypocrisie, au pire de la discrimination.

 

Face à une minorité sexuelle, le registre de la lutte contre la déviance et la perversion – brandie comme source de nombreux maux dont souffre notre société – et le dégoût et rejet qu’il suscite, s’avèrent particulièrement efficaces pour faire prendre une ampleur catastrophique à la zoophilie. Au sujet des zoophiles, c’est donc tout naturellement qu’un axe argumentaire est dédié à leur profil psychologique. Le rapport s’attarde plus longuement en annexe sur une éventuelle prédisposition à d’autres paraphilies et à des formes de violences, y compris interhumaine et à la pédophilie. À cet effet, une grande partie de ses sources et de son raisonnement est directement tiré de la thèse d’exercice vétérinaire de Marjolaine Baron(4). Nous en analyserons les passages cités.

Tout d’abord Mme Baron reprend une étude de 1988(5) présentant 14 personnes ayant commis des actes de bestialité qui établirait un lien entre la bestialité et la présence d’autres paraphilies. Néanmoins ces résultats sont à analyser avec prudence, en effet dans celle-ci on peut lire que les « catégories qui contenaient moins de 12 sujets ont été exclues car le nombre de sujets était considéré comme étant trop petit pour représenter ces paraphilies de manière fiable »6 : avec seulement 14 personnes ayant pratiqué la bestialité, nous ne sommes pas loin du compte. Ensuite, elle présente un fort biais de sélection négatif car basée sur 561 personnes issue d’une population psychiatrisée. Une autre étude de 1998 est évoquée et sensée montrer que « le fait d’avoir des contacts sexuels avec les animaux était associé à des tendances agressives et des troubles psychologiques ». Celle-ci base ses résultats sur le profil de 7 individus envoyés à un service psychiatrique spécialisé dans le traitement des jeunes délinquants sexuels7. Encore une fois, ce ne sont pas là sept personnes tirées de la population générales, mais 7 individus ayant été appréhendés pour des faits de délinquance sexuelle. C’est comme si l’on allait dans une prison pour étudier l’homosexualité, les résultats seraient  indubitablement biaisés.

Enfin, des travaux de Beetz et Miletiski, Marjolaine Baron n’aura retenu que les 9% de personnes ayant le fantasme d’avoir des rapports sexuels avec des enfants de façon régulière. Qu’en est-il des 91% présents dans ces études et qui n’ont pas ce genre de fantasmes ? Fantasme ne signifie pas non plus passage à l’acte (le fait d’avoir simplement des attirances pédophiles ne constitue pas un trouble per se). De ces mêmes auteurs, l’on peut aussi lire que « les personnes ayant des  contacts sexuels avec les animaux […] ne montraient pas plus de signes de psychopathie que la population normale »8, ou que « l’on ne peut pas dire que la
pratique de la bestialité indique nécessairement un passé de violence sexuelle » (que ce soit en tant qu’auteur ou victime)(9). Tout au plus, nous pouvons tirer de  ces recherches des hypothèses. Aussi, nous nous demandons presque pourquoi Animal Cross avait pris la peine de citer les catégories d’Aggrawal si c’est pour ne rien en faire. Qui est réellement prédisposé à la violence ? En distinguant les personnes prenant du plaisir par l’affection qu’ils ressentent pour l’animal, de ceux qui aiment imposer leur volonté ou infliger de la souffrance, n’arrivons-nous pas à deux catégories différentes ? C’est pourtant ce que tend à confirmer une étude récente(10). Jusqu’aux années 2000, la recherche regroupait tous les comportements sexuels sur les animaux sous « bestialité », mélangeant des profils et des actes de natures très différentes, et s’était intéressée à des groupes influençant de manière très négatives les résultats (détenus ou patients en hôpital psychiatrique, [aussi parce que ceux-ci sont « disponibles »]). Enfin, Animal Cross a décidé d’effectuer une recherche sur les faits divers présentant une orientation pédophile pour voir s’il y trouverait des cas présentant de la bestialité. On atteintlà les bas-fonds en termes de méthode. D’abord si on cherche on trouve, et citer sept cas répartis sur huit ans n’a rien d’extraordinaire et relève plus d’un cherry-picking que d’autre chose. Ensuite, quand bien même une grande partie des pédophiles pratiquants commettraient des actes de bestialité, cela est insuffisant pour prouver que les zoophiles seraient aussi pédophiles. En effet, dans le cas contraire, lorsqu’Animal Cross avait relevé une surreprésentation, parmi ses échantillons de zoophiles, d’homosexuels (21%) et de bisexuels (46%), en suivant cette même logique, l’association aurait dû en déduire qu’un lien entre homosexualité, bisexualité et zoophilie existait. Ce n’est pas parce qu’une grande partie des zoophiles sont homo-bi-sexuels qu’une grande partie des homo-bi-sexuels sont zoophiles. Ce n’est pas parce qu’une grande partie des pédophiles seraient zoophiles qu’une grande partie des zoophiles seraient pédophiles.

Des solutions proposées : entre convergence des luttes et absurdité

Tout d’abord concernant la zoopornographie, quelques remarques s’imposent. Cette pornographie ne cible pas les zoophiles, en effet, bon nombre de vidéos ne  représentent absolument pas à quoi ressemblent les pratiques zoosexuelles, alors que leurs producteurs cherchent simplement le profit et n’hésitent pas par exemple à sédater les chevaux mâles, à montrer des animaux ne prenant absolument aucun plaisir, à normaliser des pratiques risquées pour les animaux (p.ex. insérer son bras dans une jument).

Ensuite, concernant l’interdiction de la pratique de la zoophilie, une chose est assez remarquable à la lecture de l’étude d’Animal Cross, c’est qu’au fond elle ne répond pas à la problématique qui se posait à ce moment-là en France ; à savoir faut-il interdire les contacts sexuels sur les animaux en l’absence de violence, blessure ou de contrainte ? En effet, si le rapport s’attarde sur les lésions que peuvent subir les animaux du fait de l’acte sexuel – à lire leur texte, qu’elles concernent les parties génitales ou soient dues au « fait que l’animal se débat » – il n’en reste pas moins que ces cas-là pouvaient déjà faire l’objet de sanctions sous le titre des sévices graves ou de nature sexuelle, ou subsidiairement des mauvais traitements. Il en va de même pour l’histoire du chien Patou qui nous est racontée dans le rapport. Le chien avait été retrouvé présentant un prolapsus anal, une queue cassée en deux et un cou blessé : une personne commettant ce genre d’actes a nécessairement des penchants sadiques et/ou extrêmement violents et ces faits sont très certainement constitutifs d’actes de cruauté, une qualification qui retranscrit d’ailleurs mieux leur gravité. Pourquoi avoir choisi cet exemple, déjà répressible sous l’ancien droit, si ce n’est pour induire le lecteur à faire le rapprochement entre zoophilie et sadisme ?

Enfin, si l’interdiction a pour effet de dissuader des personnes de fréquenter des forums, elle empêche par la même occasion une diffusion de l’information, ce qui a pour effet d’exposer les animaux à d’éventuelles blessures qui seraient dues à l’inexpérience de certains. Concernant les conséquences psychologiques sur les animaux, faute de preuves, le rapport se contentera de supposer qu’elles « doivent être très grandes » et tout le long de celui-ci sont fait des parallèles entre la zoophilie et la pédophilie. À trop se concentrer sur les enfants, le travail présente une grande lacune, celle de l’absence totale d’étude du comportement des animaux. Est-il vrai que des chiens tentent de monter des personnes humaines ? Que des juments présentent parfois leur croupe lors du pansage pendant leurs chaleurs ? Répondre à ces demandes, est-ce exposer les animaux à des traumatismes ? Dans ce cas-là, pourquoi beaucoup d’étalons se réjouissent lorsqu’ils se dirigent vers la salle de prélèvement ? Dans son rapport, le Comité d’éthique du Danemark avait relevé nombres de différences, notamment neurologiques, qui rendent ce parallèle entre bestialité et actes pédophiles inapproprié11. En quelques sortes, ce qui est reproché à la zoophilie, c’est précisément de remettre en question cette vision de « l’animal-enfant » de facto défendue ici par Animal Cross. De plus, si aucune preuve de souffrance due à la zoophilie n’existe, le rapport n’évoque aucunement le traumatisme qui peut être causé par la saisie, l’éventuelle séparation de l’animal de ses congénères, le fait que certains finiront enfermés dans une cage, faute de moyens et d’espace, voir qu’ils seront tout simplement euthanasiés.

Les limites du rapport ne s’arrêtent pas là alors qu’Animal Cross se pose en lanceur d’alerte déclarant vouloir « alerter les autorités sanitaires sur ces questions », notamment afin de savoir si « [c]es « alternances » dangereuses des genres pourraient être à l’origine de nouvelles maladies principalement sexuellement transmissibles ? ». Là, aux yeux du rapport, non seulement les zoophiles seraient des sadiques-pédophiles mais en plus ils feraient courir au monde le risque d’un nouveau SIDA…

Toutefois, ce raisonnement simpliste s’effrite face au fait qu’il n’y a rien de pire que l’interdiction pure et simple pour la prévention de la transmission des maladies transmissibles, car cela ne va très certainement pas inciter les personnes concernées à en parler avec leur médecin ou vétérinaire, réduisant à néant toute possibilité de prévention ; là où de plus amples recherches ou un simple recourt à un vaccin ou à des dépistages réguliers permettrait de palier à ces éventuels problèmes. De plus, il serait faux de déclarer que ces maladies ne concernent que les zoophiles, elles sont bien connues du monde de l’élevage et de l’industrie agro-alimentaire. Enfin, comparé au nombre d’IST qui sont susceptibles d’être transmises dans le cadre de rapports sexuels entre humains, l’on peut même émettre l’hypothèse que les  risques sont non seulement moins élevés avec les animaux, mais encore plus facilement contrôlables.

Pour conclure, malgré un rapport mêlant diabolisation, conclusions hâtives et usage outrancier de préjugés, Animal Cross a pu jouer un rôle clé dans la lutte  contre la zoophilie et l’adoption d’une nouvelle loi. L’approche anthropocentriste prise se perçoit très nettement dans les nouvelles dispositions pénales condamnant la bestialité qui ont fait fit de toute notion de proportionnalité, alors que la grande majorité des mauvais traitements resteront punis d’une simple amende plafonnée à quelques centaines d’euros. En centrant le sujet sur la zoophilie, en concentrant une haine envers ces personnes, l’association aura finalement détourné le débat de son sujet principal : la maltraitance animale, et aura fourni aux élus une monnaie d’échange, pour feindre des avancées en matière de protection animale tout masquant un refus d’avancer sur d’autres sujets. Au fond, s’il y a bien une chose dont Animal Cross est responsable, c’est  d’avoir participé à maintenir le droit de la protection animale français à un état archaïque tout en l’élançant dans une dangereuse pente réactionnaire.

Charles Menni, avril 2022


1 GREGERSEN 1983 cité dans : MILETISKI, Understanding bestiality and zoophilia, East-West Publishing, 2002 p. 20.
2 Personne ne semble d’accord sur l’approche à prendre, voir not. : IACUB, Protection légale des animaux ou paternalisme, 2011 ; HAYNES, bestiality proscription : in search of a rationale, Animal Law 2014 – 2015, 2014, p. 121 ss ; MILIGAN, The wrongness of sex with animals, Public Affairs Quarterly, 2011, p. 241 ss.
3 ANIMAL CROSS, Animal Cross dénonce : Zoophilie, animaux, les nouveaux sex toys, 2020 p. 21 ; voir aussi : entretien de Loïc Dombreval [https://www.youtube.com/watch?v=lWUyKiEC7Hc]
4 BARON, La zoophilie dans la société : quel rôle le vétérinaire peut-il tenir dans sa répression ?, Thèse d’exercice de médecine vétérinaire, ENVT, 2017, pp. 50 ss.
5 ABEL, BECKER, CUNNINGHAM-RATHNER, MITTELMANN, ROULEAU, Multiple paraphilic Diagnoses among Sex Offenders, in The Bulletin of the American Academy of Psychiatry and the Law, Vol. 16 No. 2, 1988, p. 153 ss. BARON, La zoophilie dans la société : quel rôle le vétérinaire peut-il tenir dans sa répression ?, Thèse d’exercice de médecine vétérinaire, ENVT, 2017, pp. 50 ss. 6 Ibidem p. 160. BARON, La zoophilie dans la société : quel rôle le vétérinaire peut-il tenir dans sa répression ?, Thèse d’exercice de médecine vétérinaire, ENVT, 2017, pp. 50 ss.
7 DUFFIELD, HASSIOTIS, VIZARD, Zoophilia in young sexual abusers, Journal of Forensic Psychiatry, Vol. 9, 1998, p. 294 ss.
8 Traduction personnelle, BEETZ, Bestiality/Zoophilia : a Scarcely Investigated Phenomenon Between Crime, Paraphilia and Love, Journal of Forensic Psychology Practice, 2004, p. 25. BARON, La zoophilie dans la société : quel rôle le vétérinaire peut-il tenir dans sa répression ?, Thèse d’exercice
de médecine vétérinaire, ENVT, 2017, pp. 50 ss.
9 BEETZ, Bestiality and Zoophilia : associations with violence and sex offending, in Bestiality and Zoophilia, Sexual Relations with animals, Purdue University Press, 2005, p. 55.
10 ZIDENBERG, Measurement and Correlates of Zoophilic Interest in an Online Community Sample, Archives of Sexual Behavior, 2022.
11 Rapport au sujet des relations sexuelles entre des êtres humains et des animaux, Conseil Danois d’Ethique Animale [Traduction non certifiée], Novembre 2006, pp. 34 ss

Der Beitrag Animal Cross, la Zoophilie et la Science erschien zuerst auf Das Blog des ZETA-Vereins.

]]>
https://blog.zeta-verein.de/fr/2023/04/animal-cross-la-zoophilie-et-la-science/feed/ 0
La Zeta Verein : Histoire de la Première Association Zoophile https://blog.zeta-verein.de/fr/2023/02/la-zeta-verein-un-sonderfall-allemand-2/ https://blog.zeta-verein.de/fr/2023/02/la-zeta-verein-un-sonderfall-allemand-2/#respond Mon, 20 Feb 2023 23:16:36 +0000 https://blog.zeta-verein.de/?p=50192 Retranchés dans des forums aujourd’hui déréférencés par les grands moteurs de recherche, nous sommes une grande majorité de zoosexuels à avoir pu contempler, impuissants, les récents développements juridiques en la matière. Avec le soutien de [...]

Der Beitrag La Zeta Verein : Histoire de la Première Association Zoophile erschien zuerst auf Das Blog des ZETA-Vereins.

]]>
Retranchés dans des forums aujourd’hui déréférencés par les grands moteurs de recherche, nous sommes une grande majorité de zoosexuels à avoir pu contempler, impuissants, les récents développements juridiques en la matière. Avec le soutien de la loi, la violence faite à notre encontre s’est peu à peu nstitutionnalisée, que ce soit à coup de saisie, d’amende voir de peine de prison et même d’inscription sur des registres de délinquants sexuels.

Pourtant, il serait regrettable de perdre espoir et à ce titre, la Zeta Verein peut faire figure d’exemple en matière de zooactivisme. Cette association incarne une forme ouverte de résistance à l’encontre de la discrimination. Avec pour acronyme ZETA « Zoophiles Engagement für Toleranz und Aufklärung » (Engagement zoophile pour la tolérance et la connaissance), son travail consiste à l’heure actuelle à aider des étudiants et chercheurs pour leurs travaux ou à représenter la zoophilie que ce soit par des interviews pour des journaux, radios ou en participant à l’élaboration de films.

Tout a commencé en 2009. La communauté zoophile jouit alors encore d’une certaine liberté dans la grande majorité des État européens ainsi qu’aux Amériques et des forums en ligne avaient déjà permis à certains de rencontrer leurs semblables. En Allemagne, une refonte du droit de la protection animale en vigueur se faisait attendre. Et pour certains zoos, une chose était sûre, la zoophilie allait faire partie de débat et il fallait donc se préparer.

Michael Kiok et d’autres décidèrent donc de fonder une association. À ce moment-là, le projet avait toutes les raisons d’échouer. Il faut dire qu’en Allemagne une telle entité nécessite au moins 7 membres fondateurs, d’accords de confier leurs coordonnées et de signer les statuts. Chose faite, la Verein n’était de loin pas arrivée au bout de ses peines. Le comité décida de se présenter au tribunal pour valider son inscription au registre des associations et ainsi obtenir la personnalité juridique. Ce qui est en règle générale une simple question de forme se transforma en un parcours du combattant pour la Verein. Pour enregistrer une association de zoophiles, comptez au minimum 2-3 années de procédure, quelques milliers d’euros d’avocat, le tout pour n’essuyer que refus après refus. S’il a d’abord été reproché au but de l’association d’être « illicite », cela a été finalement la « contrariété aux bonnes mœurs » qui fut retenue comme motif final de refus(1).

 

2011 – 2013 le combat contre une potentielle incrimination
Association enregistrée ou non, le temps presse et l’année 2011 est déjà bien entamée. Les débats font alors rage sur facebook et la création de l’entité n’est pas restée inaperçue. Le 10 octobre 2011, PETA organise à ce sujet une conférence de presse. Les pratiques zoosexuelles y sont dénoncées et considérées comme violant déjà les dispositions pertinentes de la Tierschutzgesetz (loi sur la protection animale, ce qui est faux). Malgré la controverse, l’année
2011 ne marque pas un échec pour ZETA qui se félicite alors de la parution du film « Man loves Dog » ainsi que de son groupe facebook qui fonctionne bien. Toutefois, les évènements allaient ensuite s’accélérer.

Tout d’abord, c’est la supposée existence de bordels à animaux qui est dénoncée par des activistes. En effet, un groupe nommé Zoos4Zoos (ou ZooGruppe deutschland) proposerait des prestations zoosexuelles en échange de rémunération. Zeta conteste leur existence, il s’agissait-là d’une escroquerie remontant à l’été 2008 et contre laquelle la Verein avait déjà déposé une plainte. Le mode opératoire était assez simple : une personne proposait les services d’animaux, demandait des avances en argent pour trouver « la ferme la plus proche » puis disparaissait sans donner de nouvelles(2) . La position de Zeta Verein à ce sujet est claire : les bordels à animaux ne sont pas acceptables et si certains voient le jour, ils seront dénoncés aux autorités.

Néanmoins cette prise de position ne calma pas l’émoi causé par l’existence de la ZETA Verein. La nouvelle année 2012 s’illustra par un flot continu de lettres d’insultes et de menaces de mort à l’encontre des membres du comité directeur de ZETA3, alors que des groupes facebook préparaient une croisade anti-zoo. Leur cause fut partagée par le Dr. Martin de la CDU, élue de Hesse, qui entendit proposer une disposition interdisant les pratiques zoosexuelles,
élevage excepté bien entendu.

Parallèlement à ces affaires, la Zeta Verein décida de se lancer dans la lutte contre le Zoosadisme et adapta ses statuts en conséquence. Un premier succès ne se fit pas attendre alors que des zoos parvinrent à obtenir et à transmettre aux autorités l’adresse ip d’un suédois qui s’était filmé en train de commettre des actes de cruauté.

Cette convergence des luttes avec la protection animale n’emporta toutefois pas la conviction des activistes qui organisèrent le 24 mars 2012 une manifestation à Cologne. Sensée rassembler au moins 350 participants, ce fut finalement une centaine de personnes qui se présentèrent ce jour-là. Des zoophiles espérant ouvrir le dialogue sur le sujet y prirent aussi part. Vers la fin du rassemblement, des invectives émanaient de la foule et ce climat tendu
déboucha sur quelques contacts physiques violents à l’encontre des représentants de la minorité sexuelle. Les zoos présents déclarèrent avoir sous-estimé l’effet de groupe et remercièrent les forces de l’ordre pour leur travail. En tout cas, les accusations de maltraitance à l’encontre des zoophiles ne faiblirent pas et le climat de haine envers ces derniers ainsi que le refus de certains activistes d’engager le dialogue ne faisaient plus l’ombre d’un doute.

Par la suite, le Zukunft Dialog organisé par la Chancelière et visant à définir les contours du futur de la Nation allemande allait donner de la visibilité à la lutte contre la zoophilie. En effet, les citoyen-nes avaient la possibilité d’y formuler des propositions. L’une d’elles émanant de Mme Ulla Saure et qui proposait d’interdire les actes à motivation sexuelle sur les animaux finit par figurer parmi les plus votées. Des activistes avaient eu pour idée de gonfler les résultats de cette proposition en votant plusieurs fois (quelques-unsse revendiquaient d’avoir pu voter 60 à 70 fois par jours !!) (4). La presse ne manqua pas de relever cette manipulation des résultats5 et les membres de la Verein signalèrent ces irrégularités aux autorités. La Chancelière déclara finalement que la protection des animaux en la matière était suffisante.

À en croire que les lettres de menaces, les calomnies et injures publiques, le harcèlement et tort moral causés, ainsi que les dénonciations incessantes aux services vétérinaires étaient à leurs yeux insuffisantes, des activistes décidèrent d’organiser une seconde manifestation, cette fois (devant) chez Michael Kiok. Ils pénétrèrent un chemin privé et informèrent ses voisins de son orientation sexuelle avec un but assumé : lui causer l’atteinte à la réputation la plus grande que possible, ce qui valut à Mr Kiok de recevoir les excuses de la police locale.

À partir de l’été 2012, les vétérinaires furent mobilisés pour ce combat. La Bundesverband Praktizierender Tierärzte (Association fédérale des vétérinaires praticiens) apporta son soutien à l’initiative contre la zoophilie. L’Opération Fair Play consistant à envoyer des questionnaires aux vétérinaires au sujet des cas de zoosexualité qu’ils auraient pu relever vint sceller cette alliance du médical au politique. La ZETA Verein regretta de ne pas avoir été consultée, déclarant la méthode inappropriée puisque les médecins ne remarquent pas les cas où les animaux sont bien traités. Le 1er septembre, une deuxième manifestation eut lieu cette fois à Köln et en l’absence de zoophiles. Des gens cagoulés y étaient présents et l’argument sur l’existence des bordels à
animaux continuait de circuler et ce, malgré le fait qu’un journal n’ait trouvé aucune preuve de leur existence(6). La fin de l’année marqua l’accélération du processus législatif et l’approche de l’interdiction ne trouvait pas que des adeptes alors que des experts en droit constitutionnel avertirent de l’incompatibilité d’une telle interdiction avec la tradition juridique libérale allemande(7). Quant à la Zeta Verein, elle se défendit en faisant appel à des déclarations
d’experts et organisa avec Equality for All le 1er février 2013 une projection de film en présence de journalistes et à laquelle aucun activiste anti-zoo n’a voulu participer.

Malgré tous ces efforts, la loi interdisant la zoophilie fut adoptée et son entrée en vigueur était prévue pour le 13 juillet 2013. Ce succès des anti-zoos ne marqua pas un coup d’arrêt dans leur soif de harcèlement et certains écrivirent au lieu de travail d’un membre de ZETA, afin de les inciter à se débarrasser de cet employé du fait de son orientation sexuelle. D’autres organisèrent une seconde manifestation devant chez ce même Mr Kiok le 28 juillet. Toutefois,
malgré ces démonstrations et cette défaite législative, les zoophiles n’avaient pas dit leur dernier mot : il restait encore la voie judiciaire, la  Bundesverfassungsgericht (Cour constitutionnelle fédérale allemande).

 

2013 – 2015 nullum crimen sine lege, alors cassons la loi !
Pour faire un recours en matière constitutionnelle, il faut payer des avocats spécialisés, ce qui implique des dépenses importantes. À cet effet, pouvoir stocker de l’argent dans un compte en banque affecté à l’association peut s’avérer très pratique. Une entité n’a pas besoin de s’être vue reconnue la personnalité juridique (d’avoir été inscrite au registre) pour ouvrir un compte, elle a « juste » besoin de trouver une banque qui est d’accord de lui en ouvrir un. Néanmoins, aucune banque n’est obligée d’accepter un client. Résultat, de peur de faire l’objet d’un naming and shaming (d’être pointé du doigt et déshonorée), ou du fait de menaces, aucune banque n’a accepté la ZETA Verein.

Malgré ces complications la Verein continua son travail habituel. Le 1er février 2014 la Zoophile Rights Day marqua l’un des premiers évènements majeurs suivant l’adoption de la loi et prit la forme d’une manifestation zoo sur la Potsdamer Platz. Parallèlement à celle-ci des activistes de la protection animale accompagnés de groupes d’extrême droite avaient organisé une contre-manifestation. Il n’y eut finalement aucun blessés grâce aux promptes interventions
de la police. Côté pro-zoophiles, l’évènement fut marqué par un certain degré de diversité alors que des personnes de pays différents ainsi qu’une part plus importante de femmes s’étaient jointes à la représentation. À la fin de celle-ci, une conférence était organisée et un film fut projeté. Encore une fois, aucun opposant à la zoophile n’avait accepté d’y venir défendre leur point de vue.

Globalement les années 2014 et 2015 furent marquées par une plus grande représentation de la Zeta Verein dans les médias et par l’organisation annuelle des Zoophiles Rights Day. À mesure que les demandes d’interviews se multipliaient, la Verein observa une évolution dans l’approche des médias sur le sujet, peinant parfois même à trouver suffisamment de membres anglophones pour répondre à une demande internationale. Parallèlement à cela, l’association
fournit son soutien aux Danois ainsi qu’aux Finlandais face à des propositions de lois similaires voulant interdire les contacts zoosexuels.

En ce qui concerne l’Allemagne, il faudra attendre le 19 février 2016 pour en apprendre plus sur les conclusions de la Cour constitutionnelle. Le recours interjeté par les deux personnes zooes a été rejeté et la loi est maintenue. Face à ce qui apparait comme étant un échec, les journaux du monde entier relaient la nouvelle en annonçant le maintien de l’interdiction des pratiques zoosexuelles(8). Toutefois, une lecture attentive de l’arrêt révèle que la Cour y explique que la règle énonçant qu’il est interdit « d’utiliser un animal pour commettre des actes sexuels pour soi-même ou de le dresser ou mettre à disposition pour les actes sexuels d’un tiers et ainsi de le contraindre à des comportements contraires à son espèce » doit s’interpréter en ce sens que ne sont illicites que les comportements impliquants l’usage de la contrainte ou d’une autre forme de pression comparable à l’usage de la force physique(9). Cette loi protège donc les animaux des abus sexuels sans porter atteinte à l’autodétermination sexuelle des zoophiles qui peuvent échanger des moments intimes avec leurs partenaires nonhumains si ces derniers le désirent.

Pour conclure, comme nous avons pu le voir, si la création de la ZETA Verein a d’abord été frappée par le rejet des tribunaux de lui reconnaitre une existence légale, la controverse suscitée permit à la jeune association de se faire connaître. Néanmoins, un vent de haine de la part d’une minorité très virulente frappa violement les membres ouvertement zoophiles qui durent traverser plusieurs années extrêmement difficiles. Avec le temps, leur courage pu payer et le sujet gagna peu à peu l’intérêt des médias qui cherchèrent à comprendre notre sexualité et à rompre avec certains préjugés. Enfin, grâce à une action coordonnée de plusieurs membres et à un système politique favorable, le recours abstrait en matière constitutionnelle offrit une possibilité aux zoos de faire valoir leur droit et de mettre fin à une loi scélérate. À l’heure actuelle, Michael Kiok se montre confiant sur l’avenir des zoos en Allemagne et pense que le mouvement anti s’est pour l’instant essoufflé.

 


 

1 Une chronologie précise des évènements et une liste des arrêts sont disponibles sur : KIOK Michael, Chronik der Nicht-Eintragung, Blog des ZETA Verein, 1er janvier 2013. [https://blog.zeta-verein.de/2013/01/chronik-der-nicht-eintragung/].

2 TIGERLILY, Zoos4Zoos – das Märchen der deutschen TiersexBauernhöfe, ZETA Verein Blog, 15 janvier 2012. [https://blog.zeta-verein.de/2012/01/zoos4zoos-das-marchen-der-deutschen-tiersex-bauernhofe/].

3 Pour quelques exemples : KIOK Michael, Fan Post & Fan Post #2, Zeta Verein Blog, 21 janvier & 11 février 2012. [https://blog.zeta-verein.de/2012/01/fanpost/] ; [https://blog.zeta-verein.de/2012/02/fanpost-2/]

4 ATHABA, Demokratie à la Tierrechtler, ZETA Verein Blog, 8 avril 2012. [https://blog.zeta-verein.de/2012/04/demokratie-a-la-tierrechtler/]

5 BEUTH Patrick, Bürgerbeteiligung im Netz mit fragwürdigen Ergebnissen, Zeit Online, 13 avril 2012. [https://www.zeit.de/digital/internet/2012-04/dialog-fuer-deutschland-ergebnis-manipulation/komplettansicht#print].

6 MEYER Katharina, Gibt es Tierbordelle in Deutschland ?, Badische Zeitung, 28 Septembre 2012. [https://www.badische-zeitung.de/nachrichten/deutschland/gibt-es-tierbordelle-in-deutschland–64112664.html?mode=in]

7 Voir notamment : THEILE Charlotte, Ehemaliger Verfassungsrichter Hassemer zum Zoophilie-Verbot : « Nicht alles Widerliche verdient staatliche Strafe », Süddeutsche Zeitung, 13 décembre 2012. [https://www.sueddeutsche.de/politik/ehemaliger-verfassungsrichter-hassemer-zum-zoophilie-verbot-nicht-alles-widerliche-verdientstaatliche-strafe-1.1548925].

8 Voir notamment : MORTIMER Caroline, German court upholds ban on bestiality, ruling it does not violate the right to « sexual self-determination », The Independent, 19 février 2016. [https://www.independent.co.uk/news/world/europe/german-court-upholds-ban-on-bestiality-ruling-it-does-not-violate-the-right-tosexual-selfdetermination-a6884216.html].

9 BVerfG, Bleschluss der 3. Kammer des Ersten Senats vom 08. Dezember 2015 – 1 BvR 1864/14, Rn 1-15, publiée le 18 février 2016.
[https://www.bundesverfassungsgericht.de/SharedDocs/Entscheidungen/DE/2015/12/rk20151208_1bvr186414.html].

Der Beitrag La Zeta Verein : Histoire de la Première Association Zoophile erschien zuerst auf Das Blog des ZETA-Vereins.

]]>
https://blog.zeta-verein.de/fr/2023/02/la-zeta-verein-un-sonderfall-allemand-2/feed/ 0
Les contributions en langue étrangères sont les bienvenues https://blog.zeta-verein.de/fr/2016/01/les-contributions-en-langue-etrangeres-sont-les-bienvenues/ https://blog.zeta-verein.de/fr/2016/01/les-contributions-en-langue-etrangeres-sont-les-bienvenues/#respond Sun, 17 Jan 2016 17:25:58 +0000 http://blog.zeta-verein.de/fr/?p=3061 Il y a peu de temps, nous avons donné aux zoophiles Finlandais la possibilité de publier sur notre blog des contributions avec leurs opinions. Ils sont dans la même situation que les zoophiles Allemands ont [...]

Der Beitrag Les contributions en langue étrangères sont les bienvenues erschien zuerst auf Das Blog des ZETA-Vereins.

]]>
Il y a peu de temps, nous avons donné aux zoophiles Finlandais la
possibilité de publier sur notre blog des contributions avec leurs opinions.

Ils sont dans la même situation que les zoophiles Allemands ont connu à
la fin de l’année 2012, lorsque le parlement modifiait la loi pour
pénaliser les actes sexuels entre humains et les autres animaux.

Nous voulons maintenant offrir cette même tribune à tous les zoophiles
parlant d’autres langues que l’allemand.

La seule condition est que le texte soit aussi accompagné d’une version
en anglais et que l’auteur garantisse que les deux textes ont
strictement le même contenu.

Der Beitrag Les contributions en langue étrangères sont les bienvenues erschien zuerst auf Das Blog des ZETA-Vereins.

]]>
https://blog.zeta-verein.de/fr/2016/01/les-contributions-en-langue-etrangeres-sont-les-bienvenues/feed/ 0